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mardi 16 septembre 2014

Tout se transforme !

Ouh la la ouh la la !

Un long moment est passé depuis le dernier article, un long moment pour se stabiliser...
Finalement, qui lira encore ce blog ? (A part évidemment David, maire d'une petite commune picarde, que nous comptons apparemment parmi nos fans les plus fidèles, héhé. Merci à lui ! )
Peu importe, nous continuons à garder une trace de tout ça, de toute l'évolution si rapide que nous venons de traverser et que nous continuons à vivre...

Les débuts
Depuis le mois de mai dernier, et comme nous l'avions alors évoqué, nous avons emménagé dans un petit village du Pas de Calais : Louches.
Cette vie à la campagne dont finalement nous avions tant rêvé, nous l'avions enfin à portée de main.
Il y aurait beaucoup à dire sur l'installation, bien plus simple à voir en photos ! 

Premiers jours : Alex creuse un emplacement pour notre compost à l'arrière de la maison


Pendant que j'installe notre première bouteille de gaz, fini le gaz de ville ahah !

Le jardin au tout tout début : une terre absolument nue. Notre parcelle va jusqu'à la limite des piquets en bois
A l'avant de la maison, un petit coin de pelouse qu'Alex tond à l'ancienne !
A l'intérieur on a des volontaires pour tout installer !
Et puis, nous gardons nos vieilles habitudes : de bons jus pour se donner de l'énergie et de la transformation alimentaire pour préparer l'hiver : conserves de cœurs d'artichauts, confitures en tous fruits, coulis de tomate, ketchup, cornichons, vinaigre de banane...



Contenu de frigo type à la maison

Noyaux de cerise pour en faire un coussin un jour, queues de cerise pour les tisanes ! Rien ne se perd, tout se transforme !




Vue de derrière la maison au coucher du soleil : verdure et vaches

La suite
Quelques mois ont passé et tout a continué de se transformer... Le jardin, qu'Alex a baptisé affectueusement son "potajungle" a bien changé !
Nous y avons planté, entre autres : lentilles, pois-chiche, pommes de terre, tournesols à graines, phacélie, aneth, persil, carottes, poireaux, potimarrons, maïs de différentes variétés, cornichons, courgettes, courges diverses, soucis, oeillets, mauve, oignons, fenouil, fenugrec, salades, tomates, millet, haricots verts, haricots à écosser, haricots mungo, sarrasin, pavot, épinards, brocolis, choux romanesco, moutarde indienne, et j'en oublie certainement plein...
Tout n'a pas fonctionné mais nous avons tout de même eu de belles récoltes et tout ça a été un prétexte à observer, découvrir et apprendre !

Jungle de légumes et herbes sauvages, vue depuis la terrasse
Alex seul parmi les tournesols géants et les maïs
Première carotte récoltée il y a quelques semaines !
Ce qui est à préciser dans l'histoire et qui donne matière à réflexion c'est la réaction du propriétaire face au potajungle...
Si vous êtes observateur, vous aurez remarqué sur les photos que notre jardin est enclavé dans un terrain cultivé bien comme il faut, en rangs... Il s'agit du potager de notre propriétaire. Nous partageons le terrain qui est derrière chez nous, ce qui ne nous posait aucun problème au début... Au début seulement...
Très vite, M.F, notre propriétaire, s'est inquiété de la prolifération de ce que l'on appelle communément les "mauvaises herbes". Il n'a pas cherché à comprendre ce que nous développions, il était simplement très mécontent de cette anarchie naturelle, lui qui a combattu les mauvaises herbes à mains nues depuis 70 ans. Quant au plan du jardin, les rigoles creusées entre nos parcelles drainent les eaux de pluie jusqu'à son terrain en rangs, qui lui en souffre... Évidemment car le jardin est en pente, c'est bien pour ça que nous y avons creusé des rigoles... On ne peut pas lutter contre la pluie mais on peut essayer de ne pas trop en être affectés.
Ce jardin que nous expérimentons ne laisse pas indifférent. Je ne sais pas s'il aurait fallu préférer l'indifférence à la réaction très agressive de M.F nous menaçant de faire venir un huissier pour récupérer sa précieuse terre et nous coupant ensuite notre arrivée d'eau de pluie.
Je ne crois pas.
M.F observe tous les jours depuis sa parcelle ordonnée ce qu'il se passe chez nous... Lui tellement persuadé que nous allons étouffer tous les légumes sous les mauvaises herbes, que ces mauvaises herbes ne sont bonnes qu'à être éradiquées (y dédiant sa vie car elles reviennent toujours, toujours, toujours), ne se posant même pas la question de savoir pourquoi elles poussent là et pas autre part.
Je ne pense pas qu'il ait un caractère à changer d'avis ou de positions mais il est en tous cas obligé de voir que nous avons de beaux légumes, que les choses poussent, que le jardin est sain.

Et nous nous continuons à faire ce que nous pensons bon pour nous et pour la terre, le plus naturellement possible. Tout ça nous amène à l'observation de plus en plus poussée des insectes, des plantes sauvages. Essayer de mieux comprendre ce qui nous entoure, un apprentissage infini qui demande beaucoup d'humilité.


Et notre projet dans tout ça ?
Et bien oui, nous parlions d'épicerie sans déchets, puis nous évoquions l'envie de créer un groupement d'achats pour y vendre nos propres produits en même temps que de promouvoir des produits du coin...
Mais comment s'investir dans un village alors qu'on ne sait pas combien de temps nous allons y rester ? Il faut bien admettre que ces histoire de M.F ne nous promettent pas un avenir radieux et constructif à Louches...

Heureusement pour nous Alex est très épanoui dans son travail en magasin bio et nous vivons tout à fait à notre aise avec ce salaire unique, nous qui n'avons que peu de besoins. 
De quoi avons-nous réellement envie ? Suis-je heureux-se ? Sinon comment y accéder le plus simplement ? Je suis ravie que nous fassions partie de ces gens qui se posent ces questions et mettent tout en œuvre pour avancer dans ce sens. 
Actuellement nous sommes très heureux. Nous vivons à un rythme doux, un rythme que nous avons choisi, nous ne voulons pas être brusqués. Nous vivons une magnifique expérience qui vient bousculer un peu le reste mais qui nous apporte toute satisfaction au présent : nous devenons parents. Nous attendons notre premier enfant qui naitra d'ici le mois de février 2015.
Alors voilà, au présent, nous sommes comblés. Nous nous sommes offerts le droit de vivre cette grossesse pleinement, en mettant tout projet de côté, pour le moment. 
Car après tout si nous sommes totalement heureux, pourquoi vouloir faire plus ? Et si c'était si simple ? On évoluera en temps voulu. 

J'écrivais il y a quelques heures un mail à une amie chère dans lequel je parlais du prix de la liberté. Pour nous actuellement, la plus grande liberté serait de s'acheter un chez-nous sans M.F : un terrain ou une maison. Mais quel prix a cette liberté ? Celui de renier une plus grande liberté encore...
Je m'explique. Si Alex rentre ce soir de son travail, m’annonçant qu'il n'est pas heureux, nous avons cette liberté de tout arrêter : nous n'avons pas de prêt en cours, avons des économies. Et ça pour moi, pour nous, c'est primordial. 
La liberté de pouvoir à tout moment tout changer, de pouvoir à tout moment privilégier le fait d'être heureux. Pour moi c'est ça le but ultime.
Alors on réfléchit à des alternatives : avoir un chez soi qui ne demande pas de s'aliéner à une banque, vivre de manière plus sobre mais finalement plus épanouissante et plus connectée à ce qu'on ressent...
Alexandre pour notre mariage, a fait broder une phrase dans sa veste "ne pas oublier le plus important", phrase qui nous a toujours accompagnée depuis que nous sommes ensemble, et qui là encore trouve tout son sens.