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samedi 10 décembre 2016

Dans mon jardin d'hiver

Cette fois, c'est le jardinier qui prend les commandes du blog ! Un petit tour par l'extérieur pour vous présenter comment nous concevons l'espace comme étant nourricier en tout point.
En effet le but est que la moindre parcelle libre puisse nous nourrir en aliment, ou nourrir les insectes pour les attirer vers notre jardin et ainsi butiner nos légumes, ou bien pour nourrir les yeux ou le nez. En gros des fleurs qui sentent bon, ça fait toujours du bien au moral.
Sinon on réfléchit aussi à l'utilité matérielle des plantes. Le fusain par exemple peut donner des bâtons de fusain pour le dessin. Le noisetier en plus des noisettes donne du bois souple pour tresser le tour des parcelles. Certaines plantes servent à teindre les tissus, etc.

On va y aller petit à petit, je vais vous décrire comment on a découpé notre terrain en zones.

Zone 1 : La maison et sa cour : le jardin d'aromates / le potager de tous les jours


Au fond, parmi la haie dégarnie, nous avons planté 4 figuiers de variétés différentes, qui reçoivent pile poil le soleil qu'il faut pour donner de bonnes figues (en théorie évidemment) la lubie de grossesse de Raph !
Ici juste devant la maison un parterre d'aromates, pour cueillir juste ce dont on a besoin pour la cuisine quand l'envie nous en prend. Donc thym, romarin, thym orange, estragon, persil frisé, plat et japonais, coriandre, aneth, et tout ce qu'on peut semer de frais à couper, comme des mescluns de salade, moutardes à couper, etc. etc.

de la mâche et des épinards pour cet hiver, l'ail d'hiver planté à l'automne

Nota Bene pour moi et pour tout le monde : on sème toujours trop peu de trucs. Je me retrouve toujours avec 6 pieds d'épinards en bonne forme et une douzaine qui font triste mine, et en général, ça se vérifie pour tous les autres légumes... Alors, il faut prévoir une bonne quantité !



Donc on est toujours devant la maison, de l'autre côté, face à la voiture, et ici je vais grapiller un peu sur les cailloux pour créer de nouvelles parcelles de potager. Cette immensité de cailloux pour le parking me donne froid dans le dos : quel manque à cultiver !
Contre le grillage nous avons mis des haies à baies comestibles que nous ne connaissons pas, comme le goyavier du chili, le myrte rouge, deux arbousiers, un amélanchier, un goumi du Japon.

A côté de la voiture deux vignes, une à raisin blanc "Perdin" et une à raisin rouge "Muscat bleu", que l'on fera grimper sur une pergola en angle.

Pied de vigne tout jeune planté dans les cailloux
Ce sont des variétés sélectionnées par l'institut national de recherche agronomique pour leur résistance aux maladies et pour leur précocité. Au nord de la Loire, impossible de penser au muscat de Hambourg ou au Chasselas, ils mettent bien trop de temps à mûrir. Mais c'est pas grave, il y a d'autres variétés adaptées à chez nous, et qui valent le détour ! En général quand je cherche des plantes adaptées à notre climat alors que je sais qu'ils se plaisent plus au sud, je regarde sur des sites belges, ils savent aussi bien jardiner que nous après tout, et ils ont le même climat... Ils sont de bons conseils.

Derrière la voiture, au pied des thuyas, on a mis des framboises arctiques. Ce sont des framboises qui se développent en rampant et qui ne sont pas plus hautes que des fraisiers ! Elles poussent naturellement au nord des pays scandinaves, et résistent donc à plus de -25°C à l'aise.

Ici sur une parcelle devant, des fèves qui s'endurcissent pendant tout l'hiver.

Goyavier du Chili, c'est marqué sur l'étiquette !

 Zone 2 : La terrasse de derrière, l'espace "chalet"



Sur la gauche, des parcelles potagères avec cette année des carottes, des poireaux et des haricots verts semés à la va-vite début juillet.
Il y a aussi du blé ancien semé en juin dernier dans du trèfle, selon la méthode "Bonfils-Fukuoka". Cette méthode, qui consiste à semer 4 mois avant la date normale le blé, permet à la plante de s'enraciner plus profondément et de "taller" beaucoup plus. "Taller", ça veut dire, faire une grosse touffe. Et de cette grosse touffe jaillira beaucoup d'épis de blé, quand un blé "normal" ne donnera en général que deux ou trois épis. Du coup, on sème bien plus espacé, de l'ordre de 60x60cm entre chaque grain, ce qui est énorme par rapport aux champs, où c'est en général 5cm.
En gros cette technique permet logiquement un plus grand rendement par rapport au nombre de graines semées, ce qui moi m'arrange bien parce que j'en ai une quantité très limitée !


5 myrtilliers font fièrement face au chalet. Il s'agit de 5 variétés de myrtilles américaines différentes, à la précocité échelonnée, ce qui permet d'avoir des myrtilles de fin juillet à début octobre.
Encore 5 autres myrtilliers sur le côté où on voit la fenêtre, et 2 kiwaï, des petit fruits de la famille des kiwis qui ont le goût de bonbon et qui nous viennent de Sibérie...

Zone 3  : L'enclos, petit banc du noisetier


Nous sommes donc derrière le chalet, entre ce dernier et la buanderie. Ici nous avons un bon noisetier, sous lequel nous avons construit un banc en palettes. Il est très productif, il nous a donné environ 10kg de noisettes. Devant la buanderie, il y a encore un peu de thym, de la sauge, et 6 camerisiers (chèvre feuille comestible) qui donnent des petites baies bleues grosses comme des gros pignons de pin, et assez tôt dans l'année (début juin) idem en mélange de variétés. Nous avons aussi 2 cassissiers et 2 groseilliers à maquereaux différents, ce sont des grosses groseilles, de la taille d'un raisin, mais qu'on trouve rarement à la vente.


Au milieu du chemin, un pommier précoce, la première pomme de l'année à cueillir en juillet, c'est une variété locale dite de "Wirwignes".

Pommier Wirwignes planté à l'hiver 2015

Et enfin, on y trouve quelques framboisiers et fraisiers spontanés, ramenés par les fientes des oiseaux qui se perchent sur le noisetier ! Spécial kassdédi à eux.

Zone 4 :  le petit verger de poires


Ici, à côté de la buanderie, nous avons planté 2 poiriers, un "Cornélie"  et un "Clément", et l'espace entre deux sera parfait pour une culture type céréalière genre maïs, riz, quinoa, amaranthe, sorgho...
A droite le long du chemin de la buanderie, encore des parcelles potagères et 2 lianes de kiwis, que l'on fera grimper sur une pergola contre le mur.

Zone 5 : La forêt et le pré


Dans cette dernière zone, on a voulu garder l'aspect sous-bois, grâce aux immenses noisetiers qui surplombent le terrain. Par contre, on va les rétrécir et ratiboiser ceux du fond, car il faut un peu de lumière pour les fruitiers que l'on a mis.
On y a mis un poirier, de type beurré "Superfin" (avec son étiquette jaune devant) et un pommier "Reinette de France". Dans le fond entre les deux noisetiers on a planté un prunier 'Reine Claude' vert et un noyer.
Les parcelles ici au départ étaient destinées à du potager, mais finalement vu l'ombre qu'il y a eu cette année avec les gros noisetiers, on va les garder pour la culture de petits fruits : fraises, framboises, groseilles, cassis, caseilles, mûres, rhubarbe. Ce sera notre forêt comestible.
Et comme en forêt, on privilégiera ce qui se mange comme feuilles : ail des ours, violette, primevères, consoude...


Au fond du pré, un vieux cerisier très mal taillé. Il donne apparemment de bonnes cerises selon les anciens proprios, mais cette année a été une catastrophe donc on ne sait rien de leur goût. Ce qu'on sait, c'est qu'il sert de poteau pour notre fil à linge.

On a planté au fond deux variétés de bambou dont on peut manger les pousses et le long du mur du voisin, une petite dizaines de variétés de framboises différentes pour espacer les récoltes et amuser le palais !
On a aussi choisi des variétés croisées de mûres-framboises.
Il y a un argousier également, qui donne des baies très acides orangées mais super bonnes.
Sous le noisetier j'ai planté des fraisiers aussi. L'année prochaine, je mettrai le maximum de fraises des bois sous les haies qui entourent le terrain. Comme ça elles feront un tapis couvre sol et donneront à manger, ce qui permettra de libérer de la place sur le milieu de terrain pour la culture de ce fruit.

Comme vous pouvez le constater, il n'y a pas d'endroit où l'on "fait le jardin". Notre terrain, on le conçoit comme un grand jardin / forêt comestible, où l'on se balade, on flâne, et on mange, on sent, on s'échappe et on médite. Peu de place pour le gazon, mais juste ce qu'il faut pour jouer au badminton l'été. Toutes les zones sont très marquées dans leur aspect, et c'est un plaisir de se promener ici ou là. Un jour on préfèrera se consacrer au parking, et le deuxième jour flâner dans le sous-bois, ou faire tout ça dans la même journée... Il n'y a pas un seul espace laissé à l'abandon ou juste là pour faire beau. En tout cas c'est un vrai plaisir de s'imaginer que tout ce qu'on a planté pousse comme on l'a rêvé et que nous arriverons à subvenir à nos besoins en fruit pour une petite partie de l'année.