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vendredi 10 janvier 2014

Semaine 1 à Pun Pun

Pun Pun éco-village
Nous voici arrivés dans cet havre de paix qu'est Pun Pun.
Pun Pun en thaï, c'est le nom des petits pains de blé fourrés à la viande ou aux haricots rouges et à la noix de coco (miam), mais c'est aussi le nom de cet éco-village situé au Nord-Est de Chiang Mai, voici leur site.

Ici vivent à l'année 9 foyers soit une vingtaine de personnes. A la base la communauté a été créée par Jo (thaï) et Peggy (américaine). Ils ont acquis un grand bout de terrain sur le versant d'une montagne et ont commencé à planter des arbres et cultiver toutes sortes de plantes locales courantes et oubliées, à fonder une banque de graines libre d'accès, et surtout à construire leur maison, car c'est leur spécialité ici : bâtir avec des matériaux naturels, selon des techniques traditionnelles.

Maison de Jo et Peggy


Peu à peu, des personnes intéressées par leur projet sont venues se greffer pour former un éco-village, en majorité des thaïs. Nous avons été tout de suite impressionnés d'observer à quel point la communauté fonctionne bien : chaque foyer a sa maison individuelle construite par toute la communauté, il n'y a qu'une seule énorme cuisine et les repas sont pris tous ensemble (donc il y a un roulement au niveau des cuisiniers), des espaces de rassemblement ont été mis en place : une bibliothèque et un bâtiment dédié pour se rassembler, si jamais quelqu'un souhaite donner un cours de quelque chose... Même si tout le monde touche à tout, il y a des personnes bien désignées pour s'occuper de la liste des repas, de la collecte des graines, etc. et la communauté est inter-générationnelle : de 2 à 44 ans.

Salle commune
L'argent ici vient en partie de leur café-terrasse, où les visiteurs affluent pour boire un jus de fruit frais, manger des cookies, et acheter du savon ou du shampoing naturel, mais surtout des séminaires et des cours donnés. Pun Pun accueille en effet des personnes désireuses d'apprendre un savoir-faire, une ou des techniques, sur une période qui peut varier de quelques jours à plusieurs mois.
Dans notre cas, il s'agit d'apprendre à construire une maison en un mois. Nous sommes accueillis dans des maisons en terre crue ou en bambou où chacun a sa chambre, avec des sanitaires en commun. Bref, on se sent à la maison !

La maison construite lors du cours de l'année dernière : c'est celle où nous dormons maintenant



Premiers jours
Nous sommes un groupe de 17 personnes : de 6 à 58 ans ! 2 philippines, 2 américains, 3 thaïs, 1 malais, 1 australien, 1 danoise, 1 français de Nouvelle-Calédonie, 3 français (nous compris), 1 anglaise, 1 indien, et 1 chinoise et vous savez quoi ? La chinoise en question on la connait ! Comme le monde est petit ! Il s'agit de Lia, qui a une ferme à Hangzhou, où nous avions passé 10 jours (là où nous chantions le petit navire !). On n'en revenait pas de se retrouver là !

Nous travaillons 5 jours sur 7, avec le vendredi et le samedi off. La journée commence au son de la cloche à 8h30 pour le petit-déjeuner, puis nous travaillons de 9h à 12h, on mange et on fait la sieste parce qu'il fait trop chaud pour faire autre chose. On reprend ensuite le travail de 14h30 à 17h30. Vient ensuite le temps de la douche, puis à 18h nous allons au cours de yoga donné par notre camarade indien Sampath. On mange vers 19h, on discute, on joue à des jeux, ou on va vite se coucher quand la journée de construction a été fatigante !

Nous avons commencé tout en douceur. Pour notre premier jour, nous avons pris le temps de nous familiariser avec les lieux et le fonctionnement de la communauté, Jo nous a fait une visite guidée. Pour ceux qui connaissent, Jo c'est le Pierre Rabhi thaïlandais, et pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une personne sage, d'une gentillesse et générosité débordante. Il a une approche très positive des questions environnementales et de l'humain en général. Quand on discute avec lui on a l'impression que tout est possible.




Première promenade ici et déjà tout un tas d'idées à retenir, on se sent stimulés ! On a entre autres pu aussi admirer leur dispositif de douches solaires fait maison : 2 barils peints en noir dans un caisson hermétique avec une épaisse plaque de verre sur le dessus.


On a vu comment faire fonctionner une cuisine pour tant de monde avec un nombre limité de feux : en utilisant le principe de la marmite norvégienne ! On crée un caisson qu'on isole à l'intérieur et à l'extérieur avec n'importe quelle matière adéquate (mousse, laine, etc.). On porte à ébullition son riz, ses haricots, ou ce qu'on veut, sur le feu et on place ensuite la marmite dans ce caisson. Il va garder la chaleur et terminer la cuisson : on économise ainsi de l'énergie (gaz, électricité ou bois) et on gagne du temps pour cuisiner autre chose sur le feu.

Comment filtrer son eau de pluie en la faisant traverser des conteneurs de cailloux, de sable fin et de charbon, pour qu'elle devienne ensuite potable.

Ou encore, comment faire son propre charbon de bois (notamment pour l'utiliser pour filtrer l'eau de pluie), à partir d'un vieux baril et d'un peu de soudure.


Mais nous sommes bel et bien là pour construire, et ça avance !

Notre maison en terre !
Première étape : faire des briques en terre ! Comme ils nous en faut 1500 pour la maison que nous allons construire, le travail a été mâché pour nous et une grande partie a déjà été préparée.
Mais pour ne rater aucune étape de la construction, nous avons tout de même eu le droit à notre après-midi briques.
La technique est simple : on mixe de la terre et de l'eau et de l'écorce de riz (chez nous on peut utiliser de l'écorce de blé ou de la sciure de bois) on piétine avec les pieds et quand on a la texture voulue on moule ça en forme de briques. Et voilà le matériau principal de la maison terminé (enfin, après 7 jours de séchage ici) !

On prépare le bassin de boue ! Le moule à briques est aux pieds de Krit, notre instructeur.
Briques qui sèchent
Les briques en terre ont tout un tas d'intérêt : déjà leur prix, elles seront aussi réutilisables si on décide de détruire la maison, si elles sont ratées ont peu simplement les remettre dans l'eau et refaire de nouvelles briques avec la matière, et enfin, on peut très facilement les découper avec un grand couteau ou une mâchette, et les creuser si nécessaire.

Une maison qui a été abattue à cause des termites mais on peut réutiliser les briques !
 Deuxième étape : les fondations. Ici il faut avoir une chose en tête : les termites. Les fondations ont intérêt à être costaud pour ne pas les laisser envahir toute la maison, alors après de nombreux essais, ils ont décidé de les faire en béton. Pour nous c'était un peu décevant... Quand on sait à quel point l'industrie du ciment est polluante, on n'a pas trop envie de faire du béton dans un cours de construction en matériaux naturels... Mais ici pas le choix visiblement. On a quand même évoqué les alternatives pour nos différents climats : pour nous ce sera certainement des fondations en pierres taillées ou en vieux pneus recyclés remplis de terre compactée.



 On a évidemment mélangé le béton à la force des bras. A tous deux cela nous a rappelé des souvenirs d'enfance avec nos papas ! Au sol on a dessiné avec des briques les contours intérieurs et extérieurs de la maison, et entre ces deux couches on a placé du bois souple, pour que le béton, une fois coulé, ait déjà des contours lisses (ce qui nous fera gagner du temps).



On a coulé le béton en plusieurs couches, avec entre deux, des longueurs de bambou pour tout renforcer (à la place des tiges de métal utilisées conventionnellement). Évidemment on coule moins de béton au niveau des portes, pour éviter une marche gigantesque à grimper quand on voudra rentrer dans la maison...

Du bambou dans le béton
Une fois le béton suffisamment pris mais pas encore complètement (ici ça nous a demandé 4h), on enlève les briques et les planches de bois souple et on va venir enduire le béton avec un mélange ciment et eau (la consistance d'un guacamole bien crémeux), tout ça pour bien éviter que toute humidité puisse s'infiltrer. A nous les spatules et le dos courbé, heureusement qu'on est nombreux !


Tadam ! Les fondations sont coulées !
Tous aux spatules !

 Le lendemain on peut déjà passer à la troisième étape : la pose des briques ! On ne pensait pas que ça irait si vite. Comme mortier on utilise de la boue, autant vous dire qu'on passe toutes nos journées à patauger dans la gadoue ! Une bonne couche de mortier et on vient poser nos briques comme s'il s'agissait de briques conventionnelles ! La seule différence c'est qu'elles sont souvent irrégulières et qu'il faut ruser parfois pour avoir un mur droit. Évidemment une maison en briques de terre n'aura pas les murs parfaits d'une maison conventionnelle, mais ça en fait le charme !


2 bassins de boue pour pouvoir alterner et ne jamais manquer de matière !
La première brique est posée ! On commence toujours par les coins !

C'est parti pour empiler les briques, et une fois encore, comme on est nombreux ça va vite !


Fin de notre première journée de briques
Le mur sur lequel nous on a travaillé
Très vite on arrive au niveau des fenêtres (qu'on placera à la fin parce qu'avec le nombre de personnes que nous sommes sur le chantier, un accident pourrait vite arriver), on laisse donc des trous et arrivés au niveau du linteau, on place une planche de bois dur, ici souvent du bambou, pour continuer à poser les briques par dessus. Tout est très simple.





Fenêtre, linteau et vue magnifique
Quand on a un trou entre 2 briques, ou pour faire tenir notre linteau, on fait un peu de torchis (basiquement de la paille trempée dans de la boue) pour venir renforcer ou combler.

Fin de la 2e journée de pose de briques : 1er étage terminé
Quand on a atteint la hauteur du 1er étage (2m50), il est temps de venir placer les poutres en métal qui soutiendront le 2 étage. Là le rythme du travail se ralentit car il faut faire attention à ce que toutes les poutres soient bien à niveau pour avoir un sol droit... Pour cela on utilise la technique du tuyau transparent rempli d'eau, qu'on avait déjà utilisée à Hangzhou. L'intérêt des briques en terre c'est qu'on peut les creuser à la machette pour que la poutre puisse rentrer dedans.
Ici nous avons 4 poutres sur la largeur et 9 poutres sur la longueur, qui une fois placées, sont soudées entre elles à l'arc électrique.



Et voilà notre première semaine de travail terminée, la semaine prochaine nous attaquons le 2e étage !
Pas compliqué de construire une maison à moindre coût non ? Celle-ci coûtera, tout compris, 3600€.


Oh et juste un petit bonus pour ma maman :

Ouverture du colis de Noël

Le jeu a beaucoup de succès !
Julia, nous avons également reçu ton adorable paquet, mais on l'a ouvert trop vite pour prendre des photos ! Merci merci !



10 commentaires:

  1. Merci pour le bonus ! et j'en veux d'autres ( message pour Alex )
    Cette ferme a l'air d'être bien accueillante pour ses travailleurs , la maçonnerie est un peu plus compliquée chez nous ... curieuse de voir cette maison terminée et surtout la déco !!!
    contente de voir que le jeu égaye vos soirées , bonne continuation
    plein de bisous mam

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  2. "Le monde est petit" en effet!
    Ça a l'air très joli comme endroit. Je ne vois toujours pas de chapeau sur la tête d'Alex! Vous progressez en Thaï? Vous avez assez d'eau chaude? Les nuits ne sont pas trop froides? On aurait presque envie de mettre les mains dans la boue avec vous! Bisous

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  3. Coucou ! Quelle équipe de bâtisseurs, vous allez pouvoir exporter ces techniques! Ca ne fera pas de mal aux maçons français ! Bon stage et bonne Année les copains!

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  4. Big fan de votre tour des bonnes pratiques écolos! De l'habitat durable à la lutte anti-plastique, j'apprends plein de trucs par votre intermédiaire, je vous remercie et j'en veux encooooooooore :)
    Bises
    Aurélie (copine de Clem)

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    1. Coucou !
      Merci ça nous fait très plaisir ! On est contents de se sentir suivis !
      J'espère que tu vas bien de ton côté. Bisous !

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. J'ai déjà du mal à construire une maison en Légo...

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  7. La gadoue, doue, doue... Trop chouette cette maison ! Contente que mon mini colis soit arrivé à bon port sur un si chouette chantier :) Bisous !

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  8. Wah, ça a fait d'être si facile vu comme ça en photos. J'aime beaucoup la courbe du mur. Les plans étaient déjà faits ou est-ce que le groupe a participé au dessin de la maison ?
    Sinon, c'est peut-être simplet, mais je pensais que l'eau de pluie était potable. On ne peut pas la boire directement ?

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    1. Mais oui c'est facile, suffit de trouver l'énergie et les bras des copains !
      Les plans étaient déjà dessinés parce qu'en un mois de temps on aurait pas vraiment le temps de designer puis de construire... En revanche on a eu des cours sur le design et on a dessiné des maisons.
      En ce qui concerne l'eau de pluie, tu peux la boire directement mais en petites quantités seulement car en général elle est trop acide. Il faut aussi savoir que les 20 premières minutes de pluie sont fort chargées en pollution (pollution de l'air + particules qui trainent sur le toit où tu la récupères).

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