Rechercher dans ce blog

jeudi 23 janvier 2014

Semaine 3 à Pun Pun

3 secondes en Birmanie
Notre semaine a commencé par une petite escapade quelque peu farfelue...

Quand nous sommes arrivés en Thaïlande à la mi-décembre, nous avions eu le droit à un beau tampon dans notre passeport, nous permettant de rester 30 jours dans le pays. Oui mais 30 jours ce n'est pas suffisant pour tout ce que nous voulons y faire, il nous faut donc renouveler ce tampon.
D'habitude, dans la plupart des pays, pour ce genre d'opération, il suffit d'aller dans le bureau d'immigration d'une grande ville, remplir un petit papier, payer quelques dollars et on en parle plus, mais en Thaïlande c'est différent...

En Thaïlande c'est gratuit pour nous Français, ça c'est chouette, mais par conséquent c'est plus compliqué ! Quand on arrive par avion on a le droit au tampon de 30 jours, si on arrive par voie terrestre c'est 15 jours, ensuite pour le renouveler on peut effectivement aller dans un bureau d'immigration mais ils ne nous permettront que de rester 7 jours supplémentaires...
Si on veut 30 jours de plus il faut sortir du pays et re-rentrer par avion, et si on veut 15 jours, la même chose mais par voie terrestre (à pied, en bus, en voiture, au choix). Il faut faire ses petits calculs et voir ce qui est le plus pratique selon sa situation.

En ce qui nous concerne, nous avons décidé d'aller faire un petit tour en Birmanie en bus pour pouvoir retourner en Thaïlande ensuite et avoir le droit à 15 jours supplémentaires.
Mais voilà où tout ça devient rigolo : normalement pour entrer en Birmanie (qui ne s'appelle plus la Birmanie mais le Myanmar d'ailleurs) on est obligés de prendre l'avion, c'est leur manière de gérer les flots de touristes et aussi de faire marcher l'économie. La frontière terrestre avec la Thaïlande n'est ouverte que pour pouvoir renouveler son visa thaïlandais, c'est ce qu'on appelle faire un visa run, un genre de course au visa !

Voilà donc comment s'est passée notre journée.
8h, départ de Chiang Mai en bus pour la frontière, soit 4h30 de voyage. On sort du bus à la gare routière de Mae Sai où des tuk tuk attendent tout le monde pour nous amener à la frontière (peu de gens vont à Mae Sai pour autre chose que le visa run)

Poste de frontière de Mae Sai
Arrivée à la frontière : tout un tas de bouibouis vendant nourriture, souvenirs, bijoux, café. On sort de la Thaïlande (hop 1 tampon) et on marche jusqu'au Myanmar. Là un officier nous fait un petit tampon nous permettant d'entrer dans le pays, contre la modique somme de 12€. On se rappelle bien que ce n'est pas une vraie autorisation à entrer dans le pays, on a le droit simplement de rester dans le périmètre de la frontière pour ensuite revenir en Thaïlande.



 A ce moment là on a deux choix : aller se promener un peu au Myanmar ou faire tout de suite le tampon de sortie et revenir sur nos pas. L'officier nous a d'ailleurs demandé "Shopping or Thaïland ? " ce qui explique bien la situation : de l'autre côté de la frontière tout un tas de marchands vous attendent pour vous vendre plein de choses à prix réduits ! En ce qui nous concerne on a préféré retourner en Thaïlande, récupérer notre 4e tampon de la journée sur le passeport. C'est là qu'on a découvert que maintenant ils permettent aux personnes arrivant par voie terrestre de rester 30 jours et non 15 : grand moment de dépit où on regrette avoir déjà acheté nos billets pour le Cambodge...


 Puis 4h30 de bus pour retourner à Chiang Mai, soit 9h de bus pour 15 minutes passées à la frontière ! Une belle manière de faire marcher l'économie d'une ville où il n'y a rien d'autre à faire : on y amène des touristes et on y installe des cafés et des magasins de souvenirs ! Bien joué !



A Pun Pun
Et notre semaine de construction à Pun Pun continue, avec un rythme un peu plus détendu. Il faut dire qu'après 2 semaines à porter des briques, tout le monde a envie de ralentir un peu. On en a profité pour voir et apprendre d'autres choses : la récolte des graines (dont Alex parlera un peu plus ci-dessous), apprendre une technique de massage thérapeutique chinoise appelée Gua Sha, faire du vin de riz, du tofu et aussi du savon.

Dans le petit salon de thé qu'il y a ici sont mis en vente quelques cosmétiques naturels : shampoing, dentifrice, baume, et savon. De tous c'est leur savon que je préfère, c'est la première fois que je trouve un savon fait maison aussi efficace et agréable à utiliser. Pour ceux que ça intéresse voici la petite recette.


En gros on utilise de l'huile de coco, de l'huile de palme (mais ça c'est pas terrible pour l'environnement, on peut n'utiliser que de l'huile de coco si on veut), de la soude caustique (attention aux mains, ça pique) et de l'eau. Ensuite on ajoute quelques gouttes de l'huile essentielle de son choix pour la bonne odeur, des morceaux de ce que l'on veut pour exfolier (haricots mungo coupés en petits morceaux, ou ici de l'écorce de riz) et de la cannelle et du café en poudre pour leurs bienfaits sur la peau.



C'est très simple, la seule astuce c'est de mélanger tout ça bien longtemps (1h) pour que tout s'unifie avant de mouler les savons. Il faudra ensuite attendre 1 à 2 mois pour les utiliser, le temps que la soude caustique perde son effet agressif sur la peau.

Et on mélange !
 Mais retournons à notre maison, où nous avons fini de monter les poutres de toit, les portes et les fenêtres.

Tout le reste de la semaine a consisté à terminer notre enduit de terre, car la semaine prochaine on attaque les peintures (naturelles évidemment !) et il faut que l'enduit sèche entre-temps.




L'enduit on en a déjà parlé c'est boue + sable + écorces de riz. On l'applique à la paume de main et on vient ensuite lisser à la truelle. Maintenant que la maison en est recouverte, elle prend une toute autre allure. Il y a des craquelures ici et là mais c'est tout à fait normal, et avec notre couche de peinture on n'y verra plus rien.

On brasse l'enduit





La semaine prochaine c'est donc toiture, peintures, finitions et enduits à la chaux sur les parties de la maison les plus exposées aux intempéries et déjà notre atelier prendra fin...
Oh et maintenant nous avons un escalier aussi !

Sous l'arche du haut : l'enduit fait par notre équipe franco-Philippine !
La minute des amis terriens (par Alex)
Je sème ce que je récolte
Ce qui est bien à Pun Pun, c'est qu'il y a une bibliothèque avec des livres en libre accès, et une sacrée collection de bouquins intéressants sur l'agriculture naturelle. Mine de rien, on a pas mal de temps libre entre la construction et autres ateliers cosmétiques pour errer çà et là, aider au jardin, parler à quelqu'un, aider en cuisine, etc.

Mais parmi toutes ces activités récréatives mon petit passe temps favori, c'est la lecture de livres sur  "Comment récolter ses propres graines".
Récolter ses propres graines lorsqu'on jardine peut paraître pour certains une perte de temps ou une activité un peu superflue, qui plus est lorsqu'on sait que notre espace est limité, mais c'est en fait une pratique résolument activiste au regard de notre société.

Graines qui sèchent à Pun Pun

Car lorsqu'on veut commencer à jardiner, il faut bien se procurer des graines, sans graines, pas de carottes ou de salades. Mais où se procure-t-on ces graines ?
C'est là que ça devient rigolo ! Ces graines sont vendues à prix souvent élevé (3 à 4€ le sachet) par des compagnies intimement liées à l'industrie pétro-chimique et génétique des plantes.

Que font ces vendeurs de semences ?
Ils sélectionnent des graines (appelées de manière barbare Hybrides F1) qui "en moyenne" ont un pouvoir de germination très élevé, capables de résister aux maladies, à tous les climats, à tous les prédateurs. En vérité, ce sont donc des moyennes carottes et moyennes salades qui auront le même goût que vous habitiez le Nord ou l'Aveyron. De plus, ces graines ont été sélectionnées pour leur résistance à certains herbicides et fongicides vendus … par la même société, tiens quel hasard !
Autrement dit, elles sont manipulées pour que le jardinier soit satisfait du résultat, à n'importe quel prix, sous n'importe quel climat, avec n'importe quel "améliorant".
Du tout cuit, mais qui a un prix ! Celui de la dépendance.
Alors on est tout content, on a acheté ses laitues à Jardiland pour avoir un jardin "bio", mais en faisant ça, on donne de l'argent à une industrie qui vend du vivant, du patrimoine génétique.

Récolter ses propres semences lorsqu'on est jardinier permet en outre de développer de nouvelles variétés de légumes ! Imaginezla diversité de légumes si chaque jardinier que vous connaissez avait créé sa propre variété : la courge "Dédé", la tomate "Gisèle", le chou "Michou", l'oignon "Stanis", bref, avec chacun sa petite caractéristique, parce que celui est plus sucré, qu'il contient plus d'amidon, qu'il est plus gros, ou qu'il tient plus longtemps l'hiver, etc. etc.

Récolter ses graines, c'est être un peu créateur de goût, observer la nature faire sa magie. Bien sûr il existe des techniques très spécifiques pour pouvoir créer ses espèces préférées, ou simplement les sélectionner. Mais ce qui est sûr, c'est qu'avec un minimum de savoir et d'observation, on peut adapter à notre sol, notre climat et micro-climat la moindre espèce végétale et la rendre chaque année un peu plus adaptée, et chaque année, un peu plus différente de celle du voisin. C'est ce qu'on appelle l'évolution des espèces, où des petites mutations génétiques apparaissent chaque instant !

Alors, en clair, et pour faire activiste jardinier : Arrêtez d'acheter Gamm'Vert ou Jardiland ! Même des sachets labellisées "Bio" ne sont pas recommandables.
Procurez-vous des graines chez vos voisins, le fermier d'à côté, l'oncle Hubert, peu importe, mais ne cautionnez pas la vente de produits standardisés qui nous rendent dépendants de notre nourriture.
Petite info : Vous pouvez récolter les graines de vos courgettes issues d'un sachet Gamm'Vert, mais vous avez toutes les chances de voir vos récoltes diminuer années après années en les resemant, car celles-ci ont été spécialement manipulées pour des hauts rendements sur une année seulement, et fait en sorte que vous rachetiez des nouveaux sachets tous les ans...
Commencez par des graines non manipulées de sources sûres !

Il existe aujourd'hui partout dans le monde des banques de graines comme à Pun Pun, où les graines sont distribuées gratuitement, ou à prix modique. Informez-vous, même sur Leboncoin.fr vous trouverez des gens qui vendent leurs graines de persil pour rien du tout.
Dans le Nord, il existe à Mouscron (Belgique) le Jardin des Fraternités Ouvrières qui vendent des sachets de graines pour 50 cts le paquet, issues du terroir.
Une association française appelée Kokopelli se bat depuis des années pour faire valoir le droit aux semences. Vous pouvez commander leurs graines sur leur site internet.

Rendez-vous pris cet été pour goûter les Courgettes "Lorenzo" les Melons "des Mimo" et les chous "Michou".


Hibiscus fraichement récolté
Puis fraichement décortiqué pour garder les graines et nous faire de bonnes tisanes
La salle à manger
Coin détente
Les voisins ont repiqué leur riz







4 commentaires:

  1. Coucou !
    Nos Anciens faisaient ce que tu décris là Alex. Ils conservaient les graines de ce qu'ils récoltaient et ainsi de suite... je me souviens de tous ces paquets de graines (légumes et fleurs) que mamy Stanis gardait précieusement dans des enveloppes ou boites en carton pour les semer à nouveau l'année d'après. Il arrivait qu'au fil du temps la récolte s'amenuisait et il fallait à nouveau passer par le magasin et le cycle recommençait... Je pense que beaucoup de notre génération ont connu leurs parents semer, récolter et récupérer les graines qui étaient plus saines à l'époque. Tous ces fournisseurs (Jardiland, Villaverde, Gamm vert) n'existaient pas. S'il vous faut un "ptit bout" de terrain, on sera certainement plusieurs à vous en confier quelques mètres pour y planter des graines que vous rapporterez des endroits successifs que vous traversez...
    GROS BISOUS à vous deux !!!

    RépondreSupprimer
  2. J'adore vos articles militants les loulous !

    RépondreSupprimer
  3. Ouf! Je viens enfin de rattraper mon retard sur ma lecture de vos billets! Tout ça pour finalement me mettre un doute insupportable en tête: on était prêts à s'endetter sur 40 ans pour acheter un 2 pièce minable à 500000€ sur Paris avec une belle cafetière nespresso livrée avec de jolies capsules en aluminimum et des jolies petites pailles pour boire dans de jolis gobelets plastiques... et là je lis que je peux avoir une grande maison pour une paille (rires...) avec des pailles en bambou pour boire mon café?
    Vous êtes dangereux, vous voulez la faillite des banques et de l'industrie du plastique!!!! ;-)

    Sympa votre blog, mais je suis sûr que vous pouvez allez encore plus loin: à quand le jardin ambulant à vélo (en mambou) tiré sur une remorque de récupération? :p

    Bonne route!

    Pol et Ariane

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hey ! Sympa de vous relire ici !
      Oui on avait prévenu pour l'effet "moi aussi je veux construire ma maison, faire mes pailles et filer ma laine"
      Le jardin ambulant à vélo c'est une idée à développer ! On pense peut être plus à la maison ambulante sur roues et à un petit coin de jardin quelque part... Chouette de voir que votre blog continue à vivre aussi !

      Supprimer

N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, cela nous ravit !
Pour ce faire :
- il suffit de taper votre texte dans la fenêtre de saisie
- en dessous de Choisir une identité, cocher Nom/URL
- Saisir votre nom (ou pseudo) après l'intitulé Nom
- Cliquer sur Publier commentaire

Voilà qui est fait, et merci beaucoup !